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— Bien, Jean, la modestie te revient. À la bonne heure !… Car pour un duel comme pour toute autre lutte, petit, la présomption est fatale. Elle distrait et étouffe l’attention. Et l’adversaire, à l’affût de la moindre faiblesse, frappe alors de meilleurs coups. Mais ne va pas te décourager. Profite de la leçon qu’il me fallait te donner. Je tiens à te dire cependant ceci : « Te fusses-tu mesuré avec un de tes semblables, il se pourrait, sans ton imprudente présomption, que tu l’eusses emporté. Tu es devenu, petit, un fort, très fort duelliste. Je suis fier de toi. »

Le compliment sincère du gnome fit grand plaisir à Jean. Et dans l’après-midi il le fit prier de monter à son atelier. Nous devons dire qu’en outre de son adresse au maniement des armes, Jean se révélait un peintre de grand talent. Les gnomes lui avaient aménagé une petite pièce ravissante pour travailler. Ils y avaient placé des copies de tous les principaux chefs d’œuvre, et un luminaire très ingénieux pouvait parfois faire croire à la lumière du jour. Jean habitait bien volontiers cette pièce. C’était son refuge, sa consolation contre certains petits déboires dans ses travaux, ou contre l’ennui qui commençait à poindre dans son âme. Oui, le roi des gnomes avait prédit