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trop demandé à son cœur, honnête il est vrai, mais faillible comme tous les cœurs humains.

Et Jean comprit aussi qu’une revanche contre le cupide seigneur et son mauvais génie — et il lui fallait à tout prix cette revanche, sinon il ne serait qu’un lâche — n’était possible qu’avec le secours inattendu et puissant de gnomes. Il devait se mettre à leur école coûte que coûte.

Plein de reconnaissance, bouleversé jusqu’à l’âme, le jeune bûcheron revint se prosterner devant le tendre petit vieillard : « Sire, dit-il, d’une voix rauque, où les sanglots étaient proches, sire, veuillez m’apprendre la science du monde, des hommes, et de la vie… Je serai votre élève docile… Et si, par malheur, j’oubliais ce que je vous dois, châtiez-moi sans miséricorde, contraignez par tous les moyens mon âme troublée à vous obéir. Car, ô très doux roi, il faut, je le sens, il faut que je vainque mes ennemis et ceux de Grolo. Je n’aurais désormais la paix qu’à ce prix. Peu importe vos conditions, peu importe les difficultés que je rencontrerai, je me soumets d’avance à tout, et je vous bénis d’être venu à mon secours à l’heure du désespoir. »

Humblement, Jean se tint le front collé à terre. Ah ! qu’il avait lu de dures choses, le pauvre enfant, dans le miroir impitoyable et fidèle.