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« Ma parole ! reprit l’étranger, furieux, le petit sot me croit fou !… Sache bien, mon ami, que tu te trompes grossièrement en ceci comme en tout le reste. Je ne suis ni fou… ni boiteux. Je t’ai arraché ton secret cette nuit — assez habillement, conviens-en — il m’en faut maintenant des preuves tangibles. Tu les possèdes. Je les ai vues… Allons, manant, exécute-toi, donne ces objets, ou… par Satan… »

Il n’y avait plus à douter, hélas ! de la lucidité d’esprit de l’étranger. Jean se sentit au pouvoir de cet homme rusé. Il hésita encore. L’indignation, la rage, une révolte terrible de son être confiant et droit le tenaient là, frémissant, les yeux à son tour chargés d’éclairs, toute sa force décuplée. Il eut un rapide regard vers sa hache.

L’étranger sentit le danger. Il enfonça plus avant la pointe de son épée. Jean poussa un cri de douleur.

« Hâte-toi, mais hâte-toi donc d’obéir, rugit l’étranger, veux-tu que je te transperce de part en part… » Puis, d’un ton froid et railleur : « Tu préfères peut-être que je me serve moi-même… À ton aise. » Il avança sa main gauche…

Jean bondit. « Ne me touche pas, vipère, cria-t-il. Tiens, tiens. » Et vivement, il lui lança la lettre et la montre.

— Merci, Jean, ricana l’étranger. Mais ce n’est pas tout. Il me faut au moins ta blouse, ton couvre-chef crasseux, les chaussures boueuses, ta hache, ta besace. Je ne puis me présenter chez ce bon Grolo, sans être revêtu de tes honnêtes guenilles. Reconnaîtrait-il son