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On mit trois heures au moins à atteindre l’hôtellerie. Lorsqu’elle apparut, le soleil baissait rapidement à l’horizon. Il enveloppait la large maison d’un flamboiement d’or et de pourpre. Les couleurs du prisme chatoyaient aux vitres des fenêtres qu’on eut dites incrustées des gemmes les plus rares. Aux coups discrètement frappés par l’infirme, la porte s’ouvrit en hâte. Trois serviteurs, en livrée mauve et jaune accoururent, témoignant à l’étranger toutes sortes de marques de considération.

« Vous avez une chambre pour mon jeune compagnon ? » demanda l’infirme.

— Oh ! noble seigneur, comme nous le regrettons, répondit l’un des serviteurs, mais ce soir le moindre coin est occupé. Des chasseurs viennent d’entrer. Ils ont envahi tout le disponible, des caves jusqu’à nos combles. »

L’étranger se tourna vers Jean avec un engageant sourire :

« Vous venez chez moi, n’est-ce pas ? Il ne sera pas dit que mon charmant sauveur couchera, cette nuit, à la belle étoile. »

Jean hocha la tête. « Je dois continuer ma route sans plus tarder, seigneur. Je vous remercie. »

Le jeune bûcheron se souvenait de la défense de son parrain. Coûte que coûte, il devait fuir tout compagnon lui offrant un gite en commun.

Mais l’infirme insista : « Au moins venez vous reposer quelques instants. Nous allumerons un beau feu clair. Nous souperons. Ne craignez point. Dès que vous serez remis et