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Grolo, le jour du baptême… Attirer près de lui, à ses quinze ans, un jeune bûcheron !… Ah ! ah ! ah !… La plaisante figure qu’il ferait au milieu des grands seigneurs, lui, qui ne connaissait aucune des belles manières de la cour, lui qui était à peine instruit… et si misérablement vêtu… »

Il se rassit, un peu las. Longtemps, il réfléchit, la tête dans ses mains. Ce fut la promesse faite par ses parents au roi Grolo, et qu’il devait aujourd’hui ratifier, qui le décida à continuer sa route. Une promesse, c’était une chose sacrée, qu’il fallait remplir au prix des pires sacrifices. N’eût été ce noble sentiment, Jean serait, certes, retourné tout de suite près de Blaise…

Il se secoua, se redressa plein d’un nouveau courage. « Bah ! conclut-il, en haussant les épaules, le roi, mon parrain, n’aura qu’à me renvoyer si je ne lui agrée pas. Je m’en réjouirai, loin de m’en plaindre. » Le modeste enfant oubliait, ou il l’ignorait sans doute, que, parfois, les bergers deviennent rois et qu’un sort pareil pourrait bien favoriser un bûcheron au cœur droit, au front intelligent, aux mains vaillantes et adroites.



Jean se mit à construire le radeau en toute hâte. Au soleil couchant, on put le voir atteignant la rive opposée du grand lac. Il marcha de nouveau longtemps dans les bois, sans en ressentir la moindre fatigue. Lorsque les premières étoiles brillèrent, il soupira. La solitude commençait à lui peser. Il aperçut heureusement entre les arbres une lumière assez lointaine encore, puis une deuxième, puis un grand nombre d’autres… Enfin une large maison