côtes. Ah ! petits, quelle douceur, quelle tendresse le robuste Jean mettait dans le moindre égard témoigné à son frère infirme. Entre eux, on sentait la plus vive affection. Ils s’installèrent bientôt sous un arbre et Jean commença son repas.
« Blaisot, dit gaiement Jean entre deux bouchées, — il tenait d’une main une énorme miche de pain et de l’autre trois œufs durs. — Blaisot, il est heureux que tu sois survenu. Je devenais féroce. J’étais sur le point de croquer, sans pitié comme sans friture, ce joli nid d’alouettes, celui-ci, tiens, que tu aperçois presque à tes pieds.
— Oh ! Jean, comment peux-tu parler si cruellement, toi qui défends sans cesse ces innocentes petites créatures. Tu les adores, va, je le sais.
— Frérot, répliqua Jean en riant, ne prends pas ainsi tout au sérieux. Je plaisantais, voyons.
— Tout est sérieux, tout est triste pour moi, soupira l’infirme.
— Blaisot, Blaisot, reprocha Jean, tu m’as promis d’être courageux… ce matin encore. Sois-le, je t’en prie, ne fût-ce que par amitié pour moi. Je ne puis supporter de te voir triste. »
Et Jean-le-Joyeux cessa un instant de manger pour regarder son frère avec inquiétude et tendresse.
« Mais Jean, je fais quelques efforts surtout lorsque je suis près de toi… Frère, continua-t-il avec agitation et les lèvres tremblantes, oh ! frère, si tu me quittais, je crois que j’en mourrais.
L’infirme se souleva péniblement. Il voulait échapper par le mouvement à son émotion. Il détournait la tête. Il aperçut alors, à une fai-