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Le bon roi Grolo fronçait beaucoup les sourcils, pour la forme sans doute. Il toisait les amoureux indisciplinés.

« Duc, que signifient de telles manières ? Ne sommes nous pas un peu pirate ?

— Je suis amoureux, Sire. Les deux vocations se ressemblent un peu, c’est vrai. Je m’en excuse.

— Bien, admit le roi. Et vous, ma fille comment expliquez-vous votre bizarre conduite ? Vous vous laissez enlever par un jeune seigneur dont ce matin même vous ne vouliez pas entendre parler !

— Je suis amoureuse, Sire, répondit à son tour la princesse, rose d’émotion, par conséquent, d’humeur fantasque. Oh ! père chéri, que je suis heureuse,… heureuse, finit-elle, en se jetant dans les bras du roi »

Les ministres n’avaient garde de bouger. Debout, très attentifs, ils souriaient. Par l’entremise de ces beaux enfants, la jeunesse, la grâce et l’amour pénétraient en eux à la façon d’un printemps grisant. Le généralissime des armées du roi risqua seul une boutade. Par malheur, il prit comme confident son voisin, le ministre des finances.

« Monsieur le ministre, souffla-t-il, avouez qu’il n’y a que les soldats pour enlever d’assaut une forteresse et le cœur d’une jolie enfant. Mon petit duelliste du bal sera un fier capitaine, adoré de l’armée, car il sait se battre et aimer ! »

Le ministre des finances gronda. « Il sait aussi interrompre follement une séance !… Je ne comprends pas le roi… Quel idéaliste !… Sa Majesté n’a pas pour un sou de sens pratique !… Nous en étions à discuter le budget, voyons !… »

La voix du roi monta. Les intonations en étaient graves, pleines, harmonieuses, telle une cloche sonnant la victoire.

« Messeigneurs et chers ministre, prononça-t-il, je vous demande pardon pour ces fols et délicieux en-