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plaider une cause, chère au cœur de Sa Majesté… et au mien. Adieu ! »

Il se dirigea rapidement vers la porte. Il l’atteignait, lorsqu’il sentit sur son bras une petite main crispée. Une voix mouillée de larmes balbutiait : « Duc, ne me quittez pas… Oh ! je vous en prie, ne me quittez pas… J’en mourrais de chagrin. Mais aussi, pourquoi, pourquoi, m’appelez-vous méchamment ma cousine ou Votre Altesse ? »

La figure de Jean s’illumina. « Mon Aube chérie, » cria-t-il, en ployant le genou et en emprisonnant les mains tremblantes dans les siennes. « C’est cela, n’est-ce pas que je dois vous dire… Ma bien-aimée comme depuis longtemps mon cœur a la douceur de vous nommer ainsi tout bas, bien bas. Et dites… vous me pardonnez ?… Tout ?… Vous essaierez de m’aimer un peu ? »

Il se relevait et pressait contre son cœur la mignonne enfant, qui souriait, toute radieuse, maintenant.

— Non, dit-elle, je ne vous aimerai pas un peu, non, car vous m’appelleriez encore ma cousine pour vous venger. Je vous aimerai, Jean, tout simplement. Ne serais-je pas bientôt votre… votre…

— Ma fiancée adorée, n’est-ce pas ?

— Mon ami, pria la petite Altesse, allons tout de suite auprès de mon père… Je veux lui montrer mon bonheur.

— Et le mien donc ? » cria le jeune homme. Cédant soudain à un de ces mouvements d’impétuosité, si naturel chez lui, il saisit dans ses bras la princesse, et courut, le cher fardeau tout contre son cœur, vers la salle des ministres. La joie décuplait ses forces ; il y pénétrait en quelques bonds.

Mais avec une exclamation de dépit, il s’immobilisait sur le seuil. Le roi n’était plus seul. Ses ministres l’entouraient, et même l’un d’eux commentait un important document.

Il y eut un silence un peu effarant. Jean déposa à terre la princesse rougissante, mais prit sa main avec résolution et s’avança vers le roi.