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de beaucoup d’admiration, enveloppa Jean. En traversant rapidement les divers groupes de seigneurs et de grandes dames, le jeune homme entendait des murmures de voix et percevait ici et là des lambeaux de phrases : « C’est le jeune duc de Clairevaillance, disaient les uns,… Ah ! nous nous doutions bien qu’un manant ne pouvait avoir son beau courage… — C’est le fougueux duelliste du bal, cet enfant, en plus du libérateur héroïque de la princesse, reprenaient quelques têtes grises, enthousiastes. — « Ce beau duc, il est déjà en haute faveur, vous savez, auprès du roi, son cousin, insinuaient les courtisans,… veillons à lui plaire. »

Le chambellan de service accourut. « Venez, Votre Grâce. Sa Majesté vous attend dans la salle des ministres. »

Le roi Grolo, ayant à ses côtés son aide-de-camp favori, était assis autour d’une longue table, chargée de documents. Il les signait les uns après les autres. Il leva vivement la tête en entendant le chambellan annoncer : « Sa Grâce, le duc Jean de Clairevaillance. »

« Ah ! fit le monarque. Enfin !… Général, commanda-t-il, en se tournant vers son aide-de-camp, veuillez nous laisser. Voyez aussi à ce que personne ne dérange l’entretien que je vais avoir avec le duc. »

Dès que la porte se fut refermée, le roi ouvrit les bras. « Jean, dit-il, avec émotion, Jean, fils de mon cousin tant aimé Géo, venez sur mon cœur,… Ah ! mon pauvre enfant, si tôt orphelin ! »

Puis, le roi indiqua au jeune homme une chaise basse, tout près de lui. Il prit lui-même un haut fauteuil.

« Laissez-moi vous regarder encore, enfant, dit le souverain… Non, mes yeux et mon cœur ne me trompaient pas. Tout de suite, à votre vue, j’ai pressenti une chère ressemblance… Et c’était celle de mon bon Géo… Jean, nous n’aurons pas, en ce moment, n’est-ce pas, d’inutiles paroles ? Mes amis les gnomes, ces protecteurs de notre famille, puis la femme dévouée qui a pris soin de votre enfance…