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bien qu’il n’était pour rien dans ces mystérieux événements, qu’il ne les connaissait même pas. Grolo se remit rapidement et redevint maître de lui, à son ordinaire. « Bien, fit-il au jeune homme immobile et toujours atterré, je rêve encore, quoique éveillé. Ce que c’est que paresser !… Mais plus un mot, enfant, en selle !… »

Le long du chemin, le roi eut le loisir de méditer et d’en venir à une conclusion. Il serait d’abord prudent de se taire, de garder pour lui seul le récit de ces faits surprenants. Si un génie, — et il le croyait, — les avait voulus, c’était sans doute pour son plus grand bien. Il attendrait avec patience les quinze ans de son filleul.

Il atteignit enfin le palais. Il leva joyeusement la tête. De sa fenêtre d’ogive toute fleurie, Aube, la petite princesse Aube lui souriait et l’appelait.


CHAPITRE I

LES QUINZE ANS DE JEAN-LE-JOYEUX


« Bûcheron, ton cœur est content !
Bûcheron, frappe, frappe, vlan ! »

Et le chanteur, un beau garçon brun, souple, musclé, aux yeux audacieux, s’écarta brusquement. Le tronc d’un orme colossal cédait enfin. Il y eut un grand bruit sourd, un suprême et sinistre crissement de feuilles, des oiseaux s’envolèrent, puis le silence se fit. Le bel arbre était vaincu. Il s’allongeait, rigide, dans l’herbe qui en frémissait encore. Le travailleur déposa sa hache. Il s’approcha pour contempler son œuvre. Eh ! que de pièces de bois représentait la chute de ce géant qu’il avait mis tant de jours à terrasser. Mais là, sa victoire était