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On atteignit la rive. Plusieurs seigneurs de la cour et les dames d’honneur de la princesse s’y trouvaient. On poussait des cris de joie. Une proclamation du roi, qui avait été secrètement prévenu par les gnomes des succès de Jean et de beaucoup d’autres choses encore, avait annoncé pour le coucher du soleil, le retour de la princesse et de son libérateur. Celui-ci n’était-il pas, ô merveilleuse nouvelle, le chevalier inconnu, l’adversaire de Rochelure, le condamné à jamais gracié et remis en haute faveur du seul fait de son acte héroïque.

Mais Jean, au débarqué, glissa habilement d’entre les mains des courtisans. Après un dernier et douloureux regard sur Aube toujours inconsciente, mais à qui l’on prodiguait des soins effectifs, il s’enfonça dans un bosquet d’arbres qu’il venait d’apercevoir à sa gauche.


CHAPITRE XVI ET DERNIER

le prix de la victoire


Jean ne chemina pas longtemps seul. Il perçut derrière lui des pas pressés et de vibrants appels. Il se retourna le front chargé de mécontentement. En jeune page s’avançait en hâte. Il se courba très bas devant lui.

« Que votre Grâce, prononça-t-il, me pardonne de l’importuner ainsi, mais… ordre du roi ! »

Jean le regarda, stupéfait, « Votre grâce. » disait ce jeune fou, qu’est-ce que cela signifiait ?

« Vous vous trompez, enfant, dit-il, ce n’est pas à moi que vous désirez parler… »

— Mais oui, mais oui, reprit le page avec un sourire, c’est bien à vous ! Vous êtes, nous le savons tous maintenant, le jeune duc de Clairevaillance, cousin de notre roi puissant.

— Vraiment, dit Jean, de plus en plus étonné, qui donc répand cette étrange rumeur ?

— Personne autre, Votre Grâce, que Sa Majesté, le roi Grolo. Comment notre souverain a-t-il appris tant de secrets vous concernant, cela, je vous assure,