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me réclamer de ce privilège. Seule, une intervention de génies secourables pourrait me tirer de cette impasse. Ne faut-il pas opposer des enchantements à d’autres enchantements ?… Oh ! s’il n’y avait que moi en cause… je n’oserais pas troubler mes bienfaiteurs. Mais il s’agit de la princesse Aube, de sa souffrance qui pèse si lourdement sur mon cœur. »

Et alors Jean, sans bouger, se prit à murmurer avec ferveur : « Gnomes compatissants, ô mes maîtres chéris, votre chevalier succombe… Ses ennemis le tiennent à leur merci. Gnomes, accourez comme vous l’avez promis ! »

Un peu haletant, Jean prêta l’oreille… Ô suprême bonheur, bientôt, il perçut le son lointain, musical d’un sifflet d’argent. Il fut debout. Ah ! Dans l’épaisse muraille, à deux pas de lui, une porte basse, qui ne s’y trouvait certainement pas tout à l’heure, s’ouvrait lentement. Un à un, ses douze professeurs pénétraient dans la prison, un doigt sur les lèvres, tandis que de la main gauche, ils agitaient de minuscules lanternes sourdes.

Jean ne put manifester sa joie de les revoir que par ses regards pleins de reconnaissance et de douceur.



Son maître préféré, le professeur d’escrime, lui fit comprendre d’un signe qu’il devait reprendre son siège de tout à l’heure. Jean obéit. Aussitôt, tous les gnomes l’entourèrent, les uns se glissant à ses pieds, les autres grimpant sur le banc, à sa gauche. Le gnome duelliste, seul, prit place à sa droite. Comme jadis, il avait à parler au nom de ses compagnons.

« Jean, commença-t-il aussitôt, à voix basse, nous tenons notre parole. Nous répondons à ton appel. Que veux-tu de nous, mon fils ?

— Votre aide, ô maîtres, pour sauver la princesse Aube. Je l’aime plus que moi-même, plus que tout au monde, et elle est comme moi prisonnière et malheureuse.