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— Tiens, tiens, cela se pourrait… On glosait il n’y a pas un instant sur le compte de Rochelure. On le disait jaloux du mystérieux cavalier blanc qui entoure sa fiancé de prévenances, depuis le commencement du bal… Il n’en faut pas plus n’est-ce pas, avec Rochelure ! Ah ! mais c’est intéressant tout cela, ajouta plus bas le frivole courtisan… c’est intéressant !

— Intéressant ! reprit en bondissant l’ordonnance. Taisez-vous. C’est lamentable, inique… inique. Le pauvre petit ! Et dire qu’on osera abattre un si fier duelliste… Quel œil !… quel tempérament ! » conclut le vieux soldat, à la fois enthousiaste et chagrin

Le cœur de la princesse battait à se rompre… Elle se raidissait, la jolie Aube pour ne pas crier son émoi, sa douleur… sa terreur. « Ah ! oui, comme tout cela, pensait-elle, était dans la logique de sa malheureuse existence… Ceux qui la secouraient et l’aimaient souffraient ou devaient souffrir… par la main de la reine et de Rochelure, ces alliés d’une fée implacable… Mais, c’en était trop… cette fois, elle lutterait,… ce crime ne serait pas commis… Son père lui accorderait la grâce du gentil chevalier… il lui accorderait bien ! »

La princesse se leva. À pas incertains, mais rapides, elle traversa la pièce et vint poser sa main tremblante sur le bras de l’ordonnance. Il sursauta.

« Général, j’attendrai le roi, mon père, près de vous s’il vous plaît », dit-elle simplement.

Le roi parut presque aussitôt. Sa figure, soucieuse, s’éclaira en apercevant Aube. Il la salua amicalement. Quelle ne fut pas sa surprise en voyant la princesse faire quelques pas vers lui.

« Mon père, supplia la petite Altesse, en baissant un peu la tête, permettez-moi de vous suivre,… là où vous allez ?