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Et l’on partit. Jamais voyage ne fut si merveilleux, ni plus rapide. Dès qu’un lac apparaissait, vite on construisait un large radeau pour le roi, son cheval et… Jean. Comme cette expédition s’accomplissait en l’honneur du petit, on le laissait libre de suivre qui bon lui semblait. Et naturellement son brillant parrain, le beau cheval blanc l’attiraient avant tout.



L’or du roi permit au petit bourg, où l’on baptisa cette année-là, de faire les honneurs… royalement. Ce ne fut durant deux jours que festins, danses et jeux. On s’étonna bien un peu de la subite arrivée d’un riche étranger chez le petit Jean. Ah ! quel parrain puissant lui était survenu ! Était-il en veine ! On regardait Grolo. On admirait sa prestance, ses nobles manières. On cherchait, — les vieux surtout, — à découvrir son nom et son rang. Peine inutile !… Bientôt, le plaisir et le contentement reprenant le dessus, on attribua à quelque fée bienveillante les prodiges et les bombances du moment.

Au soir du deuxième jour, alors que chacun se glissait en hâte dans le pré pour un dernier galop. Grolo appela à l’écart le bûcheron, sa femme et Jean. Il leur parla longuement en termes émus. Durant tout son discours, il tint sa main affectueusement posée sur la tête de Jean. Le pauvre petit regardait Grolo, son bienfaiteur chéri, en avalant ses larmes. Ah ! personne, en ce moment, n’eût osé l’appeler Jean-le-joyeux ! Il comprenait trop bien que