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coulait le long de sa joue. « Confiance, Grolo, confiance ! » vint-on chuchoter une dernière fois à son oreille, à la faveur d’un souffle discret, chargé d’embaumantes senteurs.

Le roi, alors, se secoua, huma plusieurs fois l’air vivifiant du matin et mit son cheval au galop. Il se devait d’échapper à la hantise de ces voix. Elles lui enlevaient sa vaillance. N’avait-il donc quitté le palais, perdu sa route, erré dans les bois que pour apprendre le triste destin qui attendait les quinze ans de sa petite !…

Hélas ! oui, enfants, le roi devinait juste. Nous le verrons bientôt.

Voici qu’apparaissait la cabane du bûcheron. Le roi parut soulagé. La vue d’êtres humains lui était salutaire. Mais quelle joyeuse animation !… Une ruche bourdonnante n’eût été rien auprès du va-et-vient, autour de la hutte, des appels des enfants, de leurs rires. Les préparatifs du départ s’achevaient vraiment avec beaucoup d’entrain. Jean fut le premier à apercevoir Grolo. Il s’esquiva sans bruit, grimpa sur un arbre et, au moment du passage du roi, tomba avec un cri de joie dans ses bras. Surpris, sursautant, Grolo faillit le laisser glisser à terre. « Petit imprudent ! » s’exclama-t-il. — Non, non, parrain, allez. Je tombe de plus haut parfois, et droit sur les épaules de père. Il rit. Il ne me gronde plus maintenant. Oh ! voyez, parrain, votre beau cheval, il est aussi mon ami. » Chose singulière, la bête fine de Grolo tournait en effet la tête vers l’enfant en hennissant.