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CHAPITRE XI.

CHEZ LES BÛCHERONS


Le lendemain, Jean se leva avec peine. Sa blessure à la tempe s’était ouverte durant la nuit et il avait perdu beaucoup de sang. Cela l’avait fort affaibli, quoique soulagé et délivré du danger de la congestion.

Il fut longtemps à sa toilette, soignant son maquillage, veillant à teindre ses cheveux avec art. Parfois, il haussait les épaules. Toutes ces précautions seraient sans doute inutiles. Là-bas, chez les bûcherons, on finirait par le reconnaître. Les siens, toujours chéris, toujours regrettés, ne seraient pas lents à lire sa tendresse, bien mal comprimée dans sa physionomie heureuse. Déjà, à la douce perspective de se retrouver devant ses parents, le cœur de Jean battait plus fort. « Oh ! presser entre ses bras son père, sa mère, Blaise,… tous, tous ! Raconter avec une délicieuse confiance, en toute sécurité, les événements extraordinaires qu’il avait vécus depuis son départ. Que ce serait bon !… Dieu ! que ce serait bon ! »

Jean fut enfin prêt. Un peu las, très pâle, il se jeta dans un fauteuil. Quelle faiblesse le tenait encore !… Bah ! le café noir le remettrait tout à l’heure. Il apporterait par exemple, le reste de son frugal repas. Pas une bouchée ne pourrait vraiment passer entre ses lèvres serrées et bleuies.

Soudain, Jean tressaillit. La montre enchantée, la lettre du roi, qu’en ferait-il ? Si, après tout, cela n’allait pas à souhait chez les bûcherons ?… Avant qu’on l’ait reconnu, il pourrait bien se passer quelque chose d’imprévu… de tragique même ?… Et si on ne le reconnaissait pas du tout ?… Ses trois années d’étude chez les gnomes l’avaient complètement transformé. Cela, il le savait. Le seigneur de Rochelure, un rusé et clair-