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de l’alouette perça l’air vaporeux. Le roi, fidèle à la promesse faite au bûcheron, se remit en route. Il frissonnait. Il était triste. Son cœur était maintenant assuré que de tragiques événements assombriraient le printemps de sa petite fille. Les voix de la forêt n’avaient point menti. De dures choses, certaines comme la vie, le mal, la mort, se préparaient. Cette jeunesse d’Aube, il la voulait pourtant sans un nuage, sans une larme. Il remuerait le monde pour qu’il en fût ainsi. Les mains de Grolo se crispaient sur les rênes. Un rossignol chanta soudain près de lui. Il s’arrêta pour écouter sa mélodie. Cela le calma. Les notes perlées du petit artiste lui rappelaient la voix pure et joyeuse de son enfant, son gazouillement heureux, lorsqu’elle l’apercevait, parfois, dans les corridors du palais. Il se prit à sourire… Mais aussitôt, il se redressa. Il retint son cheval qui se cabrait. Un sifflement avait fait trembler le buisson de roses où chantait le rossignol. La tête d’un reptile se glissait, puis s’allongeait sous les sabots du cheval. Grolo n’eut que le temps de lancer sa monture dans un fourré. Le serpent jetait son venin. Grolo soupira. Il baissa la tête. « Reptile contre rossignol ! »… se dit-il. Il comprenait la dure leçon. Les avertissements de la nuit reprenaient sous une autre forme. « Mon Aube ! mon innocente colombe, gémit-il de nouveau, te faire du mal, à toi qui ne songes qu’à sourire et à aimer. Et… douloureuse énigme, qui donc te fera ce mal ? » Une larme silencieuse