Page:Daveluy - Le filleul du roi Grolo, 1924.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dirigea vers son bureau. Soudain, il se retourna et fixa de nouveau sur Jean un regard soupçonneux, et qui devint bientôt d’une telle hauteur que le jeune homme en frémit de vexation et de colère. Mais bien maître de lui, extérieurement il ne broncha pas, et Rochelure n’eut devant lui que l’être indolent et sot que lui envoyait son serviteur Louis.

« Receveur, commanda Rochelure, venez ici. »

Jean accourut. « Seigneur ? » dit-il, en s’inclinant. Un coup de cravache lui cingla l’épaule. Il se redressa bien malgré lui.

« Savez-vous, l’ami, que vous ne me revenez guère ?… Je ne m’explique pas pourquoi, par exemple… Mais, dites donc, êtes-vous sot, ou ne l’êtes-vous pas ?… Prenez garde, en tous cas. Si vous me connaissez bien, vous savez que personne ne me brave sans qu’il en coûte. »

Jean tournait puérilement les pouces. Il semblait réfléchir sur tout cela avec beaucoup de peine.

« Suis-je un sot, demandez-vous, Seigneur ? Eh ! comment le saurais-je ?… Vous, qui pourtant y voyez très clair, vous, oh ! mon beau seigneur, n’en savez rien… Mais je suis un honnête garçon… oui, oui !… le vrai fils de mon brave et digne homme de père, qui ne mentait, jamais, qui…

— Assez, assez ! Je n’aime pas lez bavards, je vous l’ai dit déjà. Tenez, versez-moi un peu de champagne. Cela m’aidera à digérer votre sale image. »

Jean s’empressa. Le vin remit l’humeur irritable de Rochelure. Il s’en fit resservir encore et encore. Sa figure s’empourpra. Il se leva et se mit à arpenter la pièce.

« Écoutez, canaille, dit-il tout à coup en s’arrêtant.