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Les poings de Jean se crispèrent dans l’ombre. Ah ! n’eût été la maîtrise qu’il avait acquise sur lui-même et qu’il lui fallait garder au moment où les événements favorisaient ses plans, avec quelle satisfaction il aurait sauté à la gorge de cet homme. Ainsi, c’était cette brute qui dépouillait ses parents, et privait Blaise de toute douceur ? Et sur l’ordre du méprisable Rochelure ?… C’en était trop ! Quelles horreurs on lui apprenait là !

« Attablons-nous, les amis, s’écria le receveur du roi, buvons à la santé de mon remplaçant, aussi à ma chance !… Ah ! finit-il tout bas, mon fin seigneur au fouet, vous n’avez qu’à bien vous tenir car j’abîmerai pour longtemps votre jolie figure.


CHAPITRE X

LE SEIGNEUR DE ROCHELURE EST À SON TOUR DUPÉ.


Le lendemain matin, Jean se présenta devant le seigneur de Rochelure pour recevoir ses instructions. Celui-ci paraissait ennuyé, distrait. Il ne regarda même pas son nouveau receveur en lui donnant des ordres. Jean, au contraire, examinait minutieusement les appartements de son ennemi. Tout de suite, il se demanda : « Où peut-il bien avoir caché la lettre du roi Grolo et la montre enchantée ? Si je pouvais m’en emparer avant mon départ pour la forêt ! »

Un officier entra rapidement. Il parla à voix basse à Rochelure durant quelques instants. Tous deux sortirent. À son retour, le seigneur de Rochelure vint droit à Jean et l’air plus sombre que jamais, lui dit : « Cet imbécile de Louis qui vous envoie pour le remplacer me fait défaut au moment où j’en aurais le plus besoin. Voulez-vous me servir avec discrétion à sa place ?

— Oui, dit Jean ». La grande émotion qu’il éprouvait en face de cet homme qu’il haïssait le rendait laconique.