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Grolo se leva, écarta en souriant le petit Jean et dit au bûcheron : « Mon brave homme, vous m’excusez, n’est-ce pas ? Je vous quitte durant quelques heures. La nuit sera chaude, parfumée, éclairée par une lune brillante. Elle me gardera. Ne craignez rien. Aux premières lueurs du jour, je serai au milieu de vous. » Il fit à tous un geste de la main, caressa Jean et sauta sur son cheval blanc. Il disparut sous les grands arbres.

Dormit-il, Grolo, sous le chêne où il se réfugia après une longue course nocturne ? Il n’en fut jamais très sûr. Des voix mystérieuses frappaient ses oreilles. Elles le tiraient de son sommeil. Il regardait autour de lui avec surprise. Sûrement des êtres invisibles l’entouraient. Peut-être était-ce ces petites brumes, aux formes humaines ? On lui parlait nettement. C’était tantôt ainsi qu’un grondement menaçant et il saisissait ces mots : « Ta petite Aube, Grolo, … hou ! hou ! hou !… À quinze ans, elle sera nôtre ! … hou ! hou ! hou !… » C’était, aussitôt après, un chant tendre et de douces paroles qui réchauffaient son cœur : « Ô roi, parce que tu es bon, on sauvera Aube !… ô roi, ton geste envers Jean te portera bonheur ! »… Et alors, malgré lui, Grolo suppliait les ombres légères : « Voix mauvaises, qui donc perdra ma fille Aube !… Voix suaves, dites, qui la sauvera ? »… Mais tout fuyait devant ses yeux appesantis. Seul, le murmure plaintif du vent communiait à son angoisse. Ce fut ainsi, petits, jusqu’au matin. Quelle torture !

L’aurore écarta ses premiers voiles. Le chant