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avec un peu de mélancolie : « Vous devinez, n’est-ce pas, me voyant ainsi transformé, que notre douce intimité tire à sa fin. Il me faut agir sans plus tarder dans le sens que m’impose ma mission. Je me rends au palais de Grolo. J’y trouverai un emploi… Non, non, Marc, ne venez pas me reconduire, fût-ce de quelques centaines de pas. Je le préfère. Je veux même dîner en route. Ne vous inquiétez de rien, petite Paule. Vous trouverez sous une enveloppe, dans votre petit salon, de quoi régler, six mois à l’avance, tous vos comptes de ménagère. Espérons que je reviendrai avant ce temps… Adieu, adieu, mes amis ! »

Jean disparut. Après un mot affectueux à son frère qu’elle voyait soupirer, Paule entra. Elle voulait mettre en sûreté le cadeau du Jean. Comme elle saisissait la lourde enveloppe, une bague roula par terre. Surprise, Paule la prit entre ses mains. Un saphir étincela. « Serait-ce à Jean ? se dit la jeune fille, mais oui, sans doute ! » Elle ne se rappelait pas néanmoins l’avoir jamais vue à son doigt. Elle se souvenait tout au contraire d’un beau diamant qui brillait de mille feux.

Elle continuait d’examiner, pensive, le bijou, lorsque la voix haletante de Jean prononça derrière elle : « Paule, c’est ma bague sans doute que vous tenez là ? Comme j’ai craint l’avoir perdue. Je suis revenu la chercher, petite ».

Paule la lui tendit aussitôt. La voyant, Jean recula. Son diamant avait fait place à une pierre bleue ! Comme aussitôt la prédiction du bon petit roi des gnomes lui revint à la mémoire : « Devenant bleue, la pierre de ta bague t’avertit d’un danger prochain, en garde ! »

Jean releva la tête et voulut sourire à Paule. Peine inutile ! La jeune fille lui avait prestement tourné le dos et fredonnait. Avec soin, elle comptait les pièces