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tit la princesse, toute son affection filiale faisant briller sa charmante figure. Oh ! père chéri, quel bonheur de pouvoir vous parler en tête-à-tête, au moins pendant une heure. Partons tout de suite. »

Grolo-le-bon caressa un moment la tête blonde de sa chère Aube. Puis, il répondit avec sa courtoisie habituelle aux saluts profonds de Jean et de ses compagnons. Il voulut entraîner sa fille. Jean s’approcha tenant à la main l’éventail de gaze de la princesse. Elle l’avait laissé échapper en sautant de la voiture.

« Merci, Seigneur », dit avec un peu de hauteur la jeune fille. Elle rougissait sous le regard trop expressif, quoique respectueux, du bel étranger.

Le roi voyait Jean de près. Une sourde exclamation sortit de ses lèvres. « L’étrange ressemblance ! » se dit-il. « Jeune chevalier, reprit-il. la voix agitée, qui êtes-vous, d’où venez-vous ? »

— Dans votre ville, je ne suis qu’un étranger, Sire, s’empressa de répondre Jean. Mais je compte m’y fixer et devenir le plus fervent de vos sujets. »

Le jeune homme s’étonnait. « Que signifiait ce trouble de la part de Grolo ?… Il ne pouvait, certes, reconnaître en lui le filleul de jadis, le petit homme aux six ans turbulents et inventifs ?… D’ailleurs, le seigneur de Rochelure ne s’était même pas souvenu, en le voyant, du bûcheron naïf qu’il avait dupé et dépouillé habilement, il y avait trois ans à peine.