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écusson blasonné par notre souverain te sera aussi présenté. Puis, durant deux jours, nous festoierons en ton honneur. Plusieurs présents utiles t’attendent. Allons, Jean, prépare-toi à nous suivre. »

Jean obéit en souriant. Il était heureux, mais quel calme était le sien. Le pli de gravité que son exil avait tracé autour de ses lèvres ne s’effaçait pas. La transformation de son âme avait été une œuvre trop belle, trop sûre, pour que les événements, quels qu’ils fussent, pussent entamer sa sérénité.

Il fut créé chevalier le lendemain tel que promis. Le roi des gnomes l’investit en termes précis, clairs, entraînants de sa mission de salut. La belle tête de Jean, dès que fut terminée l’admonestation royale, se releva avec tant de fierté, de noblesse et de résolution que des cris d’enthousiasme partirent de tous les coins de la salle.

Le roi rétablit le silence. Il désirait parler publiquement à Jean une dernière fois : « Mon loyal et bien-aimé chevalier, dit-il, la voix tremblante d’émotion, souviens-toi que les gnomes veilleront sans cesse sur toi. Accepte cette bague. Tu la glisseras à ton doigt dès que sonnera une heure décisive. La pierre que cette bague enchâsse à la propriété de changer de couleurs suivant les circonstances : blanche, elle te promet la sécurité ; bleue, elle indique un danger prochain… en garde !… Noire, appelle-nous à l’aide, les moyens humains resteront impuissants à te secourir. Ces cas extrêmes ne se produiront que rarement, car, vois-tu, nous t’avons appris à avoir de l’initiative, à créer les mille et une petites ressources