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sa pensée, dans ses actes, qui était un trait de caractère chez elle. Depuis l’enfance, d’ailleurs, elle avait su vouloir, agir, exécuter, diriger presque seule sa vie, dans des circonstances plus ou moins difficiles. L’avant-veille de son mariage, le long essayage de sa robe et de son voile, l’inspection par plusieurs personnes de sa toilette, ajoutèrent à la fatigue causée par une nuit d’insomnie… En arrivant à l’église, à l’heure accoutumée, elle se prit à pleurer. Une sorte de noire mélancolie l’enveloppait, l’étouffait. Elle revoyait son enfance, la vieille maison d’Offranville qu’elle avait fermée, un jour, sous le coup de la terreur qu’on l’y viendrait chercher avec Charlot, pour aller au loin. Puis, sa jeunesse reparut, sa jeunesse inquiète et triste à cause des figures de son frère qui ne recherchait que les aventures périlleuses. La mort de Jean Amyot, en un jour de mai orageux, revint blesser son âme. Oh ! si ce mariage d’après-demain, c’était celui de Jean Amyot et le sien, comme elle en aurait doucement rêvé ! Et les larmes venaient, venaient… Le souvenir de ces événements à jamais enfuis l’oppressait avec violence. Soudain, elle se redressa, un peu d’effroi dans les yeux. Si André allait l’apercevoir les yeux ainsi rougis ?… Il supposerait qu’une sorte de désespoir l’avait saisie, qu’elle