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qui l’aimera noblement… Vois-tu, mon Charlot… »

La petite feuille finissait sur ces mots. Perrine, les yeux noyés de larmes, porta respectueusement le message à ses lèvres. Puis, posant le papier sur ses genoux et joignant les mains, elle ferma les yeux, en proie à la plus tendre comme à la plus vive émotion. Quelle réponse elle tenait là, réponse à toutes ses angoisses, à ses doutes, à la perplexité de son cœur, qui ne savait à quoi se résoudre vis-à-vis d’un autre cœur appelant le sien. Comme l’aïeule avait deviné d’avance ce qui ferait hésiter une pauvre enfant… comme elle, ignorante, en effet… de toutes les complications sentimentales. Sans doute, un bel amour avait fleuri jadis en son cœur… Elle avait aimé Jean Amyot, ce compagnon charmant de son enfance. Mais pour Jean, comme pour elle, cela avait semblé naturel de consacrer par la fondation d’un foyer une attirance, une sympathie, une communauté d’idées parfaite, qui avaient existé depuis toujours entre eux. Le ciel clair du Canada avait formé leur âme à tous deux ; ses orages avaient soufflé, au-dessus de leur tête, sans les atteindre jamais…

Mais que déjà tout cela semblait loin à Perrine, mélancolique retour vers un passé que la tourmente avait épargné… pour un trop court