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parfaitement heureuse… Vous vous aimerez comme Lise et moi nous nous aimions… Mais, écoute, si je t’ai priée de venir, c’est pour tout autre chose que pour deviser de notre situation présente ou future, je veux t’apprendre que demain matin, de très bonne heure, je quitterai la maison.

— Oui ? Où vas-tu, mon frère ?

— Le Huron et moi, nous prendrons place au milieu de quatorze ou quinze ouvriers qui se rendent à la maison Saint-Gabriel, sous la conduite de M. LeMaître, cet intelligent et brave Sulpicien que j’aime beaucoup, tu le sais.

— Mais qu’allez-vous faire là ?

— Tourner du blé mouillé ! C’est urgent, paraît-il. Cela va m’amuser de me mettre à ce genre de travail. Entendant M. LeMaître en causer tout à l’heure avec M. Souart, j’ai proposé mon aide et celui de mon serviteur. M. Souart a tenté de me dissuader. Il n’a pas confiance dans mes muscles, et me trouve bien pâle… Mais M. LeMaître m’a soutenu, ajoutant que cette tâche accomplie en plein air me serait salutaire.

— Tout cela est fort bien, Charlot, mais est-ce prudent de t’exposer en ce moment ? Nous avons besoin de toi, ici. Et si, quelque drame se produisait…

— C’est par bonté, allons, ma sœur que tu dis cela. Tu n’as pas du tout besoin de moi, et tu le sais très bien. Je puis être utile. Je