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XII. — DÉNOUEMENT TRAGIQUE


Deux mois se passèrent en des inquiétudes continuelles. Le blessé prenait du mieux durant quelques jours, puis, sans cause apparente, retombait dans son état d’inconscience et de faiblesse alarmante. Perrine se maintenait à son poste de garde-malade, avec quelle ponctualité admirable ! Son dévouement n’avait pas de bornes. Sa patience égalait son espoir. Elle émouvait tous ceux qui l’entendaient. Elle se disait assurée d’obtenir de la Providence l’entière guérison de son mari. Peu importe le temps ! Elle se sentait parfois, la pauvre Perrine, presque confuse de son bonheur triste, si triste… Mais que cela lui était doux d’envelopper de soins, de tendresse, de vigilance étroite, ce mari qu’elle aimait en ce moment comme s’il eût été son frère, son enfant. Il se montrait si faible, impuissant, dépendant d’elle à tout instant… Puis, durant de longues heures, elle le regardait, détaillait chacun de ses traits. Quelle douceur pour son cœur ! Une nuit qu’André lui avait paru trop souffrant pour ne pas être veillé, elle s’était installée dans un fauteuil près du malade, sa main tendrement posée sur celle de son mari. Soudain, le blessé ouvrit tout grands les yeux et se mit à la considérer avec une insistance extraordinaire. On eût dit que l’intelligence du malade cherchait à reprendre son équilibre. Perrine se glissa à genoux près du lit. Elle passa tendrement sa main sur le front du blessé.