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mière… abandonne cette réserve qui t’est chère, mais qui a des inconvénients aussi… Si tu avais éclaté en reproches hier… si tu avais dis à André surtout que tu avais un peu de chagrin… car tu as du chagrin… Perrine. Allons viens te rasseoir près de moi… Les larmes te gagnent.

Et Perrine, vaincue, vint s’abattre aux pieds de Charlot. Mais elle sécha vite ses pleurs. Un sourire éclaira soudain sa figure. Elle leva son beau et pur regard vers le jeune homme.

— Mon frère bien-aimé, tu m’as arraché mon secret. Mais qu’importe ! Oui, oui, j’aime André… Toute la nuit, je n’ai pu dormir en face de cette vérité resplendissante… Et j’en suis heureuse, oui malgré tout, heureuse, Charlot !… jusqu’au brisement, acheva-t-elle plus bas.

— Comment ? Tu dis ?… Et tu as laissé partir ton mari sans rien lui révéler ? Oh ! Perrine !

— Charlot, tu viens de m’apprendre, avec une vérité qui s’est faite impitoyable, que j’étais sans doute en proie à la jalousie. Et c’est vrai, je le suis… Et ce sentiment assombrit le bonheur que je ressens… Je ne tiens à revoir André, je te le jure, que lorsque la vérité se sera faite sur l’incident de cet après-midi.

— Pauvre enfant ! Et si tu jouais ton bonheur ?