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— Oh ! un mari… fit André, un peu raidi, Perrine et moi, nous ne sommes pas encore faits à l’événement de septembre dernier, je crois…

— Je le crois, en effet, répondit Perrine avec une indifférence habilement feinte, elle aussi.

— Excusez-moi tous deux, reprit André. Nous n’avons qu’une séance d’une heure à tenir. À tout à l’heure.

Le capitaine de Senancourt hésita un moment. Puis, il revint sur ses pas, prit la main de Perrine et la baisa avec tout le respect dû à une souveraine. Mais aucun sentiment plus tendre n’y paraissait.

— André, ne m’en veuillez pas, reprit Perrine, si je ne prolonge pas la veillée. J’ai vraiment besoin de repos. Je vous reverrai demain.

— Ma chère petite, fit le capitaine de Senancourt en souriant, je comprends quelle doit être votre fatigue, après un tel voyage… À demain alors !

— Eh bien, moi, fit Charlot, dont l’étonnement en face de cette scène, où tant de froideur et d’indifférence se manifestaient à l’envi, d’un côté comme de l’autre, eh bien moi, je ne me contente pas d’une heure, Perrine. Tu te reposeras demain. Ce soir, j’ai besoin de te regarder, de te tenir devant moi, je veux croire à cette joie de te savoir enfin dans la maison, dans ta maison… Mais qu’est-ce que tu fais, André ?… Sors tout de suite… Tu reviendras plus vite… Tu as bien le temps de contempler Per-