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une gêne, un malaise à la pensée de se retrouver en face de ce mari qu’elle ne connaissait que depuis peu sous un jour nouveau. Les lettres du capitaine de Senancourt avaient été bien émouvantes à lire parfois. Elle n’était plus dupe de l’amertume ou de la hauteur qui perçaient sous toutes ses réflexions. La jeune femme savait trop à quelles misères silencieusement supportées il fallait attribuer cette brume spirituelle. Peut-être serait-il en son pouvoir de la dissiper ?

Car, elle avait médité sur la situation qui serait bientôt la sienne. Son sentiment de l’honneur, et, surtout, le fond de piété qui la caractérisait ne lui permettaient plus de regarder, sous un angle d’indifférence ou d’hostilité, ce mari auquel elle avait juré affection, fidélité, soumission, à la face du ciel et de la terre. Elle tenait à lui prouver qu’il pouvait compter sur son dévouement, sur son estime, sinon encore sur un plus vif sentiment. Elle connaissait si peu son cœur encore.

Il battait fortement à cet instant le cœur de Perrine. Le capitaine de Senancourt appro-