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Cette seule marque de tendresse avait plu à la jeune femme. Il lui importait, de connaître, non seulement l’affection qu’André avait pour elle, mais aussi son intelligence, sa façon de comprendre la vie, les personnes qui l’entouraient, les événements qui le contrariaient ou lui plaisaient. Elle sentait en lui une force d’âme que troublait à la surface seulement une sensibilité prompte à s’émouvoir. Sa fierté était aussi ombrageuse que la sienne, et Perrine se disait qu’il leur faudrait à tous deux veiller à ne pas les mettre en conflit. Un malentendu resté sans explication amènerait une catastrophe, et quelque chose d’irrémédiable s’élèverait entre eux.

Perrine sentait parfois son cœur se gonfler de joie ; elle riait volontiers avec ses amies. Au premier de l’an, lorsque Madame de Repentigny lui offrit, avec ses vœux, une jolie guimpe avec une dentelle de prix, ses yeux rayonnèrent. Le soir, elle avait voulu s’en parer et faire montre d’une coiffure nouvelle très seyante.

Madame Jean-Paul Godefroy, un peu narquoise, la considérait. Soudain, elle se pencha vers son mari et lui glissa tout bas : « Je ne reconnais plus Perrine. La voici qui devient coquette ». Et celui-ci de répondre en riant : « Mon amie, le cœur s’éveille tard chez certaines femmes. Toutes n’ont pas votre précocité.