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tenant, écoutez-moi bien. Je consens à la séparation, qui me fait du mal, beaucoup de mal, mais à la condition que nous échangerons des lettres de temps à autre. Dès qu’un sauvage d’ici se mettra en route, par eau, ou bientôt par terre, pour Ville-Marie ou les Trois-Rivières, voyez-le et remettez-lui une lettre pour moi, une lettre longue, très longue, votre journal d’ici. Je ferai de même à Ville-Marie. Oh ! je vous impose une corvée, je le devine, mais je l’impose quand même. Quant à moi, je serai très heureux de vous faire cette cour lointaine, où vous apprendrez quel profond sentiment je vous porte… Allons, promettez-moi d’agir tel que je vous le demande ?

— Je promets, André. Et très volontiers.

— Adieu donc… d’ici longtemps… ma bien-aimée ! Quelle cruelle existence que la mienne ! Le bonheur m’est toujours de quelque façon inaccessible… Je me sens, avec une constance impitoyable, à la fois comblé, puis dépouillé. J’aime, on ne m’aime pas… Je me marie… selon mon cœur et… La voix du jeune homme devint rauque. Il se rapprocha de la fenêtre et tourna un moment le dos à Perrine.

— André, murmura la jeune femme, en se glissant près de lui et en prenant avec un geste timide la main de son mari. André, fuyez ces réflexions… trop tristes !

— Et vous, de grâce, Perrine, reprit avec agitation le jeune homme, n’ayez pas de ces mouvements de pitié… Ils me brûlent ! Et le