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quatre croiseurs. Ces derniers n’avaient nullement ambitionné l’honneur de combattre avec des cuirassés ; mais trois d’entre eux jaugeaient 6 000 tonnes et ne portaient pas moins de 36 pièces de moyen calibre. Au premier obus qui atteignit l’Askold, ils changèrent de poste dans les conditions déjà indiquées. Au point de vue de la défensive, ils ne s’y trouvèrent guère mieux, car ils n’y furent pas à l’abri des projectiles ; au point de vue offensif, ils étaient beaucoup plus mal ; en fait, ils ne servirent à rien. Si l’amiral russe avait pu échanger les trois plus gros contre un seul cuirassé, il n’aurait pas hésité.

Du côté des Japonais, la première escadre, celle qui entra d’abord en contact avec l’ennemi, était composée de quatre cuirassés et de deux croiseurs cuirassés. Ce ne pouvait être qu’un inconvénient d’avoir deux bâtiments moins armés et moins bien protégés que les autres ; ce n’était certainement pas un avantage.

Jusqu’à ce qu’il eût été rejoint par le second groupe, composé d’un croiseur cuirassé et de trois croiseurs protégés, l’amiral Togo eut l’infériorité du nombre. Aussi, dès qu’il eut opéré sa jonction, il s’empressa d’incorporer ces quatre bâtiments dans sa ligne, et il eut raison. Mais cela n’empêche pas qu’il aurait certainement préféré des forces moins disparates.

Les circonstances qui ont amené les Russes et les Japonais à faire état de croiseurs cuirassés et protégés au même titre que de cuirassés se reproduiront toujours parce qu’aucun raisonnement ne prévaudra contre ce sentiment naturel que, pour se battre, on n’est jamais trop fort. Dans ces conditions, pour donner à nos escadres le meilleur rendement, il vaut mieux retrancher franchement de leur composition les croiseurs cuirassés