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était à craindre qu’ils ne pussent pas suivre, soit à cause du mauvais temps, soit en raison de leur faible rayon d’action, il fallait les laisser tous, afin qu’ils ne compromissent pas le sort de l’escadre. De toutes façons, leur présence était nécessaire auprès des cuirassés dans la nuit qui suivrait le départ, afin de les protéger contre les attaques des torpilleurs ennemis. Ce n’est qu’après être sorti du champ d’action de ces derniers, dont la grande majorité avait peu de souffle, qu’on devait prendre une décision définitive en s’inspirant de l’état du temps ; on aurait alors renvoyé tous les contre-torpilleurs à Port-Arthur ou on les eût emmenés tous avec soi.

Ces diverses questions avaient besoin d’être pesées à l’avance afin de bien déterminer la ligne de conduite à suivre. Cela fait, il fallait choisir pour prendre la mer le moment le plus favorable. Si la date de sortie a été fixée impérativement de Pétersbourg, nous avons là un exemple frappant du danger de prétendre conduire la guerre à distance et de substituer des ordres précis à des instructions générales. En effet, le 10 août, la marée ne permettait pas aux gros bâtiments de sortir du port avant 8 heures du matin ; or, dès le lever du soleil, la croisière ennemie remarquait un mouvement inusité parmi les bâtiments russes et en avisait l’amiral Togo qui put ainsi se mettre en marche une heure et demie avant l’escadre de Port-Arthur. Il eût donc été d’une prudence élémentaire de choisir une date qui eût permis de faire sortir tous les bâtiments de la rade intérieure pendant la nuit, de manière à ne pas éveiller l’attention de l’ennemi. On aurait pu ainsi avancer tous les mouvements de plusieurs heures ; c’était peut-être le salut.

Faute de ne pas laisser derrière soi les mauvais mar-