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Les préparatifs du départ se firent pendant la journée du 9. L’amiral Witgheft décida que dix contre-torpilleurs resteraient à Port-Arthur avec le Baïane[1] et les canonnières ; puis, au dire de certains officiers, il aurait communiqué aux commandants l’ordre de l’Empereur de se rendre à Vladivostok.

Le sort en était jeté l’escadre allait jouer sa dernière partie. Avait-elle au moins mis tous les atouts dans son jeu ? C’est ce qu’il importe d’examiner. Ceux qui avaient donné l’ordre de sortie, aussi bien que ceux qui allaient l’exécuter, n’ignoraient pas que le résultat de la guerre était lié aux destinées de cette escadre. Tout le monde devait donc être conscient de la gravité des circonstances, et l’on ne pouvait peser trop minutieusement les chances de succès.

La vitesse des cuirassés japonais était tombée, disait-on, à 13 nœuds. C’était là un renseignement intéressant dont il y avait lieu de tenir compte ; mais il était imprudent de placer toutes ses espérances sur une base aussi fragile. À moins de prendre des dispositions pour masquer la sortie des bâtiments et dérouter la poursuite de l’ennemi, celui-ci allait suivre de très près. Or, une force navale, qui est obligée de faire donner à ses machines toute leur puissance pendant une traversée de 1 100 milles, ne peut se flatter de n’avoir pas d’avaries et de n’être pas ainsi obligée de faire tête. Sans condamner la sortie, dont les circonstances faisaient une nécessité, il fallait

  1. Le Baïane avait été avarié quelques jours avant par une mine sous-marine.