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On pourra faire observer faire observer que la concentration des forces de première ligne ne servit à rien, puisque ce furent les torpilleurs qui firent toute la besogne. L’objection ne tient pas. Ce sont les effectifs que l’amiral Stark trouva en face de lui le 9 février qui le déterminèrent à adopter une attitude exclusivement passive et lui firent abandonner toute idée de tenter le sort des armes. De ce moment, l’escadre russe perdait, en même temps que la force matérielle, la force morale.

La stratégie navale des Japonais ne mérite que des éloges. L’amiral Togo ne céda pas à la tentation si naturelle de diviser ses forces ; il préféra laisser à la division de Vladivostok la possibilité de capturer quelques bâtiments marchands plutôt que de compromettre le résultat d’une rencontre dont dépendait l’issue de la guerre.

La Russie avait fait également deux parts de ses torpilleurs et contre-torpilleurs. Elle n’avait pas moins de 25 destroyers en Extrême-Orient auxquels les Japonais n’en pouvaient opposer que 18 à 20. Les Russes perdirent l’avantage du nombre en envoyant quatre ou six destroyers à Vladivostok. Quant aux torpilleurs, ils furent également répartis entre les deux ports ; leur infériorité par rapport aux nombreux torpilleurs japonais ne fit ainsi que s’accentuer ; car, à l’exception de quelques unités de très faible tonnage, le Japon massa ses torpilleurs dans la mer Jaune, comme il avait fait pour ses autres bâtiments.

Avec les idées qui ont cours actuellement, on pourra prétendre qu’il était impossible de laisser Vladivostok complètement dépourvu de torpilleurs. Et pourquoi donc ? C’est avec des raisonnements de ce genre qu’on se fait battre, que nous nous ferons battre, si nous per-