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pacifiques, c’était le meilleur moyen de conserver la paix.

Pouvait-elle obtenir et conserver cette supériorité maritime ? Sans nul doute. On n’improvise pas une marine du jour au lendemain ; on ne crée pas instantanément tout un matériel naval. L’effort du Japon dut ainsi porter sur plusieurs années, pendant lesquelles son adversaire éventuel aurait eu le temps de se préparer. Le budget de la marine russe étant bien plus élevé que celui de la marine japonaise, le dernier mot devait rester à la Russie[1]. Elle devait également préparer à sa flotte un outillage en rapport avec le nombre et la puissance des bâtiments qu’elle entretenait en Extrême-Orient.

Rien de tout cela ne fut fait. Aux six cuirassés et aux six croiseurs cuirassés, tout neufs, qui formaient le fond de la flotte japonaise[2], elle n’opposa que des unités en nombre insuffisant et en partie démodées ; malgré le répit qui lui fut laissé, elle négligea de développer les ressources de ses deux arsenaux de Port-Arthur et de Vladivostok au point que les cuirassés n’y pouvaient pas passer au bassin. La mise en état de défense de ces deux places fut laissée en souffrance ; le port commercial de Dalny absorba toutes les ressources disponibles ; c’était mettre la charrue devant les bœufs.

  1. Cela exigeait de la part du gouvernement russe une politique lui permettant de dégarnir ses côtes de la Baltique, mais la politique et la guerre ne font qu’un : on ne fait bien la guerre qu’en faisant de bonne politique. Aussi bien, puisque toutes les réserves durent, par la suite, être expédiées sur le théâtre des opérations dans des conditions défavorables, mieux valait les envoyer avant le commencement des hostilités.
  2. La marine japonaise disposait pendant la guerre de 8 croiseurs-cuirassés ; mais le Nisshin et le Kasuga furent achetés en Italie au dernier moment.