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rait rien à gagner à une entrevue avec monsieur Satan. C’était sans doute sa mère qui lui soufflait cette bonne résolution.

Un soir, cependant, alors qu’il pleurait de honte au souvenir des affronts subis durant le jour, il se dit soudain : « C’en est fait, demain matin, je m’engage dans la forêt. Hé ! à nous deux, à nous deux, monsieur Satan !… » Mais en disant cela, il se gardait bien de baiser la petite médaille, qui sonnait doucement sur sa poitrine, au moindre de ses gestes.

Pan ! pan ! pan !… On frappe à cet instant à la porte. Damien se lève, irrité. « Qui donc ose venir à cette heure ? grogne-t-il ». Il ouvre. Une petite fille paraît, la petite bègue du village. Elle balbutie, déjà terrorisée par les yeux enflammés de Damien : « On vous… somme… au petit village d’aller… veiller le mort… qu’on vient d’exposer à la sacristie de… de… de… l’église ». Et ce message fait, la petite fille s’enfuit bien vite, à toutes jambes.

À cet ordre, donné un peu dérisoirement, Damien sentit croître sa rage. « J’irai, j’irai, se répéta-t-il entre les dents, sinon, demain on répandrait le bruit dans le village que enfin on a réussi à m’effrayer ». Tout en faisant cette réflexion et d’autres encore, Damien se vêtait pour la circonstance. Un bâton ferré tomba soudain d’un placard. Cela le dérida. Il rit bien