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coutume. Et quand Damien avait promis, on pouvait dormir sur ses deux oreilles, il tiendrait parole coûte que coûte.

Hélas ! sauf ces deux bons points que je viens de marquer à l’avantage du garçonnet, je crois que Damien n’avait que des défauts. Il était tour à tour désobéissant, tapageur, taquin à faire perdre patience à un saint, colère, rendant toujours deux coups pour un. Le curé en pleurait tous les soirs de chagrin.

Un après-midi, brûlant de soleil et de parfums, le bon vieux curé s’aventura très loin dans la sombre forêt afin de venir en aide à quelque famille inconnue qu’il n’y trouva point. Il en revint clopin-clopant, la figure toute tirée. Il raconta qu’il s’était heurté le pied à une grosse pierre, rouge comme du feu, et qu’il avait eu toutes les peines du monde à se relever, pour atteindre la grande route. Il lui semblait être cloué au sol. Il s’alita le soir même. La vieille Mélanie en était toute consternée et bien inquiète. « Vous verrez, disait-elle, cette forêt maudite va porter malheur à notre curé ! C’est monsieur Satan, qui hait les saints, qui l’y a attiré. J’en mettrais ma main au feu ».

— Chaque nuit, la ménagère ramenait Damien au chevet du malade. « Veille bien le saint homme », recommandait-elle. Et Damien veillait le malade sans jamais se plaindre. Il aimait, voyez-vous, son bon vieux curé qui lui pardonnait sans cesse ses fredaines.

Une nuit, cependant, Damien somnola. Il s’était trop fatigué la veille à bûcher du bois, le pauvre garçon. Tout à coup, il sursauta, il lui semblait entendre un bruit étrange. Il tendit l’oreille de nouveau. Oui,