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rière le seuil du palais de Satan.

La porte se referme sur lui avec fracas. Un lourd silence pèse l’espace de quelques secondes. Puis des rires étouffés fusent un peu partout On chuchote : « C’est Damien, Damien-sans-peur !… Un meurtrier, les amis !… Ah ! saluons, saluons, ce Caïn nouveau ! Place à Damien-sans-peur, futur réprouvé ! » Et de nouveaux rires éclatent.

Mais si Damien entend, il n’y voit goutte. Il passe la main sur son front, puis sur ses yeux. Il sent son esprit confus. Ses regards demeurent voilés. Cela se comprend, petits. Il n’existe pas de lumière du jour cher le « Prince des Ténèbres ». Et ce passage subit de la clarté du soleil aux mille lueurs des bougies, aveugle Damien.

Il se remet peu à peu. Les rires cessent. Le premier objet qui s’offre à sa vue est une large pancarte lumineuse. Elle masque toute autre chose. Oh y lit ces mots :

MORTELS !

C’est ici le royaume du plaisir, des rires,
Du jeu, des longs festins, de tous les beaux délires.
En sortirez-vous !…
Ah ! Ah !… croyez-vous
Jamais !
Jamais !
Mais qu’importe !…
À la porte,
Signez d’un peu de votre sang,
Votre éternel engagement.
À la mort, vous suivrez en enfer
Votre maître, monseigneur Lucifer
Toujours ! Toujours !