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ment d’un paradis terrestre ! » Il voit qu’un parc fait suite au jardin où il se trouve, et que tout au fond se dessine un château.

S’étant décidé à traverser et le jardin et le parc, Damien, les yeux agrandis par la curiosité, considère de près la spacieuse demeure. Ah ! petits, l’étrange château ! Construit avec des pierres noires et blanches, tel un damier, il n’est percé d’aucune fenêtre, et une large porte, toute noire, en occupe le centre. Au-dessus de cette porte flamboient des lettres rouges tracées dans une langue inconnue.

Après quelques minutes de réflexions que favorisent le silence et la solitude autour du château, Damien se dit avec son sourire de gamin que rien n’effraie : « Bah ! comment n’y ai-je pas songé ? Me voilà chez ce grand seigneur de Satan… Que dis-je, seigneur ? C’est prince, qu’il faut dire. « Le Prince des Ténèbres » !… Ah ! Ah ! Ah !… C’est bien cela, Monseigneur Satan, Prince des Ténèbres… Inclinons-nous. Eh !… Son Altesse infernale, n’accueille pas trop mal ses futurs sujets. Allons lui serrer la main. »

Damien fait quelques pas en se secouant. Il faut se débarrasser de la poussière d’or du jardin, sans compter les quelques pétales de roses restés accrochés à son habit. Il se secoue de nouveau, plus fortement. Un tintement clair se fait entendre… Qu’est-ce donc ?… Damien tressaille, puis rougit. Il comprend. C’était, petits, un dernier avertissement de la médaille de la Vierge. Elle frappait, sur le bouton de métal de sa blouse. Ah ! Damien l’avait bien un peu oubliée la petite médaille de la Vierge. Tout à l’heure le parfum des roses du jardin l’avait tout à fait grisé !… Son cœur coupable se rappelait encore moins la voix faible,