Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/92

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Et toute la nuit, la jeune fille, héroïquement, marcha et courut. Ses pieds se gonflaient, des douleurs les perçaient, ses mains se raidissaient, presque gelées, qu’importe ! Elle allait, allait. À l’aube, elle respira mieux. Il lui sembla avoir laissé loin derrière elle un effroyable danger. Le salut enfin venait. Dans quelques heures tout au plus, elle serait sur les bords d’un grand lac. Elle le voyait miroiter là-bas. Elle ferait aussitôt halte.

Elle se reprit donc à courir, retrouvant dans cette perspective d’un repos prochain un peu de sa grande force nerveuse.

Enfin, le lac fut tout près… Il était temps. Elle ne se sentait vraiment plus de forces… Et son frère français ? Que devenait-il, toujours enfoui sous ces couvertures… Si la fièvre l’avait repris. Grand Dieu ! que deviendraient-ils tous deux dans cette solitude immense, indifférente aux peines des hommes ?

L’Algonquine avisa bien vite un abri confortable sous un grand pin. La neige ne s’y était pas entassée comme ailleurs. L’on y serait assez bien pour y passer une heure peut-être. Pas plus, car il faudrait bien vite reprendre la course folle et suivre les bords, du lac jusqu’à son embouchure. Et de nouveau, l’épaisse forêt les protégerait.

Marie-Claire DAVELUY
(À suivre)