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que j’aime. Ma Perrine, là-bas, elle souffre. Ici, ce sera bientôt toi. »

Au nom de Perrine un éclair avait jailli du regard de Kinaetenon.

— Mon frère reverra bientôt sa sœur.

— Sans toi, hélas, Kiné.

— Cela vaut mieux.

— Que lui dirai-je ?

— Que j’ai rempli la promesse que je lui ai faite là-bas, un jour… Et maintenant, que mon frère se taise… Nous partons. J’éteins toute lumière. Au ciel, il n’y a pas de clartés, non plus. La neige est venue, telle que je la prévoyais et espérais. »

Tout se passa sans encombre. La première partie de la forêt ne fut pas trop dure à traverser. Un profond silence eût tout marqué, n’eût été le vent qui s’éleva bientôt, sifflant sourdement et poussant la neige par amas, tantôt d’un côté, tantôt d’un autre. Bref, une petite tempête enveloppait les fugitifs.

Kinaetenon quitta Charlot au premier carrefour sans un mot, sans un geste… Il souffla seulement ces mots à l’Algonquine, qui le regardait avec compassion : « Ta vie contre la sienne, tu as promis… Fuis vite, Algonquine »…