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Kinaetenon et son beau-frère étaient demeurés immobiles, un peu effrayés, devant les gestes fous et les cris de douleur de Charlot. Puis, Kinaetenon était accouru près de Charlot, l’avait un instant examiné, et voyant qu’il respirait sans trop de peine, il était revenu près de son beau-frère.

— J’ai à parler sérieusement au mari de ma sœur, dit-il à celui-ci. Qu’il s’assoie près du feu !

— Je veux l’Algonquine, murmura celui-ci avec moins de véhémence. » Il venait d’apercevoir une petite bouteille d’eau-de-vie dans les mains de Kinaetenon.

— Tu as soif ? demanda celui-ci, ou bien, la soif de la vengeance chez mon frère est-elle plus forte que toute autre ?

— Non, non, donne Kiné, de cette eau-de-feu… Où l’as-tu prise, dis ?… Donne, donne, mes lèvres sont brûlantes, rien ne peut mieux les désaltérer que cette liqueur magique…

— Si je te donne toute cette bouteille, partiras-tu d’ici, sans… l’Algonquine ?

— Oui… Je dirai, ah ! ah ! ah ! Qu’elle n’y était pas… Je ne l’ai pas vue, d’ailleurs, Kiné… tu sais… Où cette finaude peut-elle bien s’être cachée… Bah ! je la rattraperai demain… Donne, donne, Kiné, je meurs de soif.

— Un moment encore, frère. Non, tu ne la rattraperas pas demain, l’Algonquine, non, tu ne la rattraperas jamais… tu m’entends ? Promets, où je brise ce flacon sous tes yeux ?