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tué le mien ? Que m’importe qu’elle vive ou qu’elle meure !… Mais mon frère français, ah ! sa vie m’est plus chère que la mienne…

— Kiné, je t’en prie, comprends ma folle inquiétude. Tu donnerais ta vie, pour moi, dis-tu ? Eh bien, moi, je la donnerais pour toi… et aussi !… pour ma pauvre Lis-en-Fleur.

— Mon frère, mon frère, supplia celle-ci. C’en est assez. Ne vous occupez pas ainsi de moi… Votre affection m’est douce, si douce, que je mourrai sans peine… maintenant que je la possède…

— Kiné, reprit encore Charlot…

— Silence ! dit celui-ci à voix basse. On vient. Que ma sœur algonquine se dissimule… là-bas, au fond, derrière les bûches. Et pas un mot, quoi qu’il arrive ! »

Le beau-frère de Kinaetenon entrait en effet en poussant des oh ! oh ! de colère. Il semblait hors de lui. Kinaetenon vivement vint se placer entre lui et la natte où Charlot reposait ou semblait reposer, les yeux de nouveau fermés. Toute sa figure contusionnée et sanglante faisait peine à voir et le rendait presque méconnaissable.

« Que voulez-vous ? demanda durement Kiné à son beau-frère. Vous ne m’avez pas fait assez de mal, peut-être…