Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/59

Cette page a été validée par deux contributeurs.

triste, si triste visage… Lis-en-Fleur, ne détournez pas ainsi la tête, racontez-moi… tout ! Je ne suis plus votre ami, votre frère ?… Dites ?

— Vous ne me comprendriez pas… Vous ne voulez jamais que je parle de haine… Et je les hais, je les hais plus que jamais, mes maîtres… même, je crois, leur petit… Il gémit sans cesse, il va mourir, peut-être ?… Ah ! je ne l’empêcherai pas de quitter la terre, allez, ce pauvre vermisseau. J’y aiderais plutôt. Ce sera sans doute un être mauvais de moins…

— Lis-en-Fleur, de grâce ! Vos souffrances vous égarent. Vous ne pensez pas vraiment ce que vous dites.

— Oh ! oui. Et mon frère le verra tout à l’heure.

— Qu’est-ce que je verrai ?… Allons, allons, ma pauvre petite, vous divaguez, je ne le vois que trop ? Et puis, tenez, ce soir peu importe votre emportement haineux. Parlez quand même. Apprenez-moi ce qu’a été votre existence quotidienne depuis ces trois longues, bien longues semaines. Vous ne les avez pas trouvées interminables, vous aussi ?… Non ?

— J’ai trop souffert. Je n’ai pensé qu’à