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— Je ne saisis pas bien tout ce que mon frère me dit… Quel est le nom que je porterai pour lui plaire maintenant ?

— Lis-en-fleur.

— Lis-en-fleur ! J’aime ces sons que chante mon frère blanc. Lis-en-fleur !…

— Bien, c’est une chose décidée. Mon amie algonquine ne sera plus par moi appelée autrement. Je le jure.

Mon frère est trop bon pour la prisonnière esclave. Elle ne peut rien, elle, pour lui… avait encore ajouté en soupirant la jeune fille. Puis, elle avait placé la fleur à sa ceinture. Le visage de Charlot rayonna en suivant les gestes de la jeune fille.

On dut ensuite s’éloigner en hâte. Non loin, dans les broussailles, de nombreux pas foulaient les herbes.

Charlot se remémorait encore ses bons souvenirs, en cet après-midi nouveau qu’il passait sans Kinaetenon. Souvent, cependant, il en interrompait le cours, pour se poser la même anxieuse question : « Que fait mon amie algonquine, que fait-elle, ô tristesse, pour m’oublier ainsi. Elle a été si fidèle jusqu’à ces dernières semaines à apparaître, pour la joie de mes yeux, au moins une fois le jour ? »

Vers six heures, quoique l’obscurité fut presque complète au dehors, Charlot fit lentement le tour de la tente, espérant encore, hélas ! apercevoir Lis-en-fleur ; ou du moins