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tous deux ; enfin, l’on avait noué l’une de ces amitiés rares, très douces qui font trouver la vie moins pénible lorsque l’épreuve quotidienne en forme la trame. Et depuis cet après-midi inoubliable, que d’entretiens charmants, que de promenades à l’insu de tous… Charlot tentait de s’expliquer, parfois, cette sympathie grandissante. Naïvement, il croyait qu’il n’y avait là que la satisfaction de certains besoins du cœur, communs à tous les exilés, toujours si heureux de retrouver l’un quelconque des siens, en terre lointaine, étrangère, et si souvent hostile.

Un jour, Charlot trouva une appellation convenant à l’attitude digne et charmante de l’Algonquine. Il s’approcha d’elle, alors qu’il la croisait près de son ruisseau favori, et lui tendit une fleur toute blanche, en disant avec un sourire : « Que ma sœur prenne ceci, c’est un lis pour le Lis-en-fleur d’Ossernenon ».

Étonnée, ne comprenant guère cette spontanéité, cet hommage bien français adressé à sa beauté, la jeune fille prit la fleur, la considéra : puis, levant des yeux noirs candides sur Charlot, elle demanda : « Mon frère me donne cette fleur à moi, pourquoi ?

— Parce que cela me plaît, d’abord, répliqua Charlot en riant. Puis, je veux te donner un