Page:Daveluy - L'esclave des Agniers, 1933.djvu/49

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la torture chez les sauvages ; souffrances qu’elle avait endurées avec un stoïcisme, un dédain, un silence qui avaient fait rager, comme on le sait, son bourreau féminin, la sœur de Kinaetenon, la pauvre Lis-en-fleur s’était vue charger de toutes les corvées dures, ennuyeuses ou pénibles, du ménage, et cela en sus de la garde de l’enfant malade de ses nouveaux maîtres. Les courses loin du camp qu’elle accomplissait assez souvent occasionnèrent des rencontres avec Charlot. Il allait chaque soir, au crépuscule, chercher une provision d’eau fraîche, dans un des ruisseaux de la forêt. Le jeune homme avait offert son aide à l’Algonquine, écrasée de fardeaux. Il lui avait parlé avec bonté, et dans sa langue qu’il était seul, avec un autre prisonnier, à pouvoir parler couramment au camp.

Fière, impassible toujours, la jeune fille n’accepta qu’avec peine au début les attentions de Charlot. Elle lui répondit peu ou point, ne leva que rarement les yeux : puis, avec effort, remercia de la tête lorsque le jeune homme la quittait aux abords du camp, par précaution, ou plutôt par humanité pour elle. Car que n’aurait pas inventé son tyran, en la voyant ainsi revenir, accompagnée, assistée, presque considérée, quoique ce fût d’esclave à esclave.

Un jour, cependant, la petite Algonquine