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froncer les sourcils de plus en plus finit par se renfermer lui-même dans un mutisme complet. Son regard s’assombrit.

— Prépare nos fusils, nos pistolets, aiguise bien nos couteaux, dit soudain l’Iroquois à Charlot.

— Pourquoi, Kiné ? fit celui-ci, étonné, un peu effrayé.

— Nous partirons en cachette cette nuit pour la chasse.

— Kiné, Kiné, dis-le donc tout de suite. On brûlera des prisonniers demain, des femmes, des enfants, peut-être, et tu crains que je n’intervienne de quelque façon, pour les sauver ou les soulager… Parle va, Kiné… tu sais bien que je devine tout. Je veux…

— Chut ! reprit vivement l’Iroquois. On vient. Ne fais plus aucun préparatif… Attends. Silence, silence.

Une femme sauvage entra. Une ressemblance frappante avec Kinaetenon ne permettait guère de douter d’une parenté très proche. C’était sa sœur, en effet, aussi brouillonne, aussi mégère, aussi cruelle que son frère était calme, paisible et très bon si on savait le manœuvrer.

— Kiné, s’exclama-t-elle, regarde ce que je viens de gagner !

— Un beau collier, ma sœur, ma foi, oui, un fort beau collier. Qu’as-tu fait pour le mériter ?

— Ce que tu n’aurais jamais eu la force d’exécuter, toi, va. Tu es un lâche, un lâche, vis-à-vis de nos ennemis »… Et ce disant,